Difficile de dire si j’ai aimé ou non. En fait, je suis encore un peu troublée par ce récit, non pas à cause de la fin qui est un peu prévisible, mais par le contenu idéologique du roman.
Le fracas des stéréotypes religieux
Je ne vous raconte pas la trame de l’histoire, elle n’a aucun intérêt. Ce qui importe le plus dans ce roman, c’est la façon dont l’auteur Percy Kemp fracasse toutes nos idées reçues, nos stéréotypes à propos des religions, principalement les 2 plus importantes, le christianisme et l’islamiste. Un véritable choc culturel et intellectuel. Le personnage d’Agaïev est terrifiant, non pas à cause de ses actes mais par l’habilité qu’il a de détruire notre identité culturelle et religieuse.
Occident et Orient
Qui a raison, qui a tort dans cette lutte entre l’Occident capitaliste et consommateur, destructeur et requin du pouvoir et l’Orient, ce monde occulte, mystérieux, spirituel, différent et fervent? Quelle religion est la meilleure? Y a-t-il une différence fondamentale entre les deux? Percy Kemp utilise à outrance – mais toujours avec une grande justesse – les grandes idéologies du passé, les philosophes de l’Antiquité, les grands de l’Ancien Monde tel Alexandre, pour expliquer sa théorie et pour bouleverser notre conception très occidentale du monde actuel. Cette façon intellectuelle, académique, d’exposer ses idées est, à mon avis, terrifiante : on en vient presque à croire qu’ils ont raison d’agir comme ils le font…
Un problème d’identité
Le plus troublant dans Noon Moon est que l’auteur réussit, à travers le discours d’Agaïev, à nous faire croire à un problème d’identité du peuple occidental. Prenons-nous comme exemple. Qui sommes-nous? Des canadiens. Parce qu’on habite au Canada? Bon, des québécois? Parce qu’on est né ici? Mais si mon père est de descendance écossaise, suis-je écossaise? Et du côté de ma mère, nous sommes bretons, alors? Est-ce donc ma langue qui fait qui je suis? Mais qu’en est-il des francophones des autres continents? Sont-ils plus ou moins francophones que moi? Et le français ne vient-il pas du latin? Donc, serions-nous plus européens? Mais le latin était parlé par l’aristocratie, les intellectuels et le clergé… Donc, peut-être notre identité vient-elle de nos croyances? Croyance religieuse ou autre? Je suis une croyante chrétienne, catholique, monothéiste. Mais je ne suis pas la seule car les islamistes, les anglicans, les orthodoxes et même les bouddhistes, dans une certaine mesure, sont monothéistes… Donc ma religion est l’égale de la leur, n’est-ce pas? Et si ce n’est pas la religion? Les valeurs? Pourtant, bon nombre de musulmans ont des valeurs humanistes semblables ou identiques aux miennes. Voyez-vous la difficulté de répondre à cette simple question : qui sommes-nous?
Sur fond de fin du monde
Pour en revenir à l’histoire, un occidental est capturé par un terroriste oriental. Après deux ans de capture – et une version moderne du syndrome de Stockholm – le captif participe à un attentat terroriste sur le territoire américain qui provoquera un changement climatique si incroyable que l’Amérique du nord et une grande partie de l’Europe sera plongée dans une période de grisaille : plus de soleil, cendres, particules de pierre ponce, émanation gazeuse, … Évidemment, il y a l’agent américain à la vie un peu trouble qui mettra le complot à jour mais qui, malheureusement, ne pourra l’empêcher.
Un récit identitaire sur fond de fin du monde
À lire : les questions religieuses vous intéressent, vous voulez comprendre, vous avez un esprit intellectuel et vous appréciez les références à Platon, à Socrate, …
À éviter : si les longs dialogues, et monologues, de plusieurs pages vous ennuient à mourir.
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